Noa Khamallah, fondateur de Charge, parle de la recherche sur l’innovation dans les transports qui détermine l’essor des « villes intelligentes » et évoque les obstacles à l’adoption généralisée des technologies intelligentes. Il identifie trois défis majeurs pour la mobilité urbaine : le faible accès aux données, les cadres réglementaires dépassés et la réaction des grands acteurs actuels.
Les données sont au cœur de l’innovation dans les transports
Quels sont les nouvelles technologies et les nouveaux modèles commerciaux qui sont non seulement capables de changer fondamentalement le transport dans les villes, mais qui ont aussi une chance réaliste d’être mis en œuvre à grande échelle ? Pourquoi cela n’est-il pas le cas actuellement et quels sont les obstacles à l’adoption de ces technologies intelligentes ?
Les données sur les déplacements dans les villes
Le « big data » est sans doute l’une des avancées technologiques les plus importantes du 21e siècle. Une meilleure utilisation des données sur la mobilité urbaine dans les villes peut avoir un impact considérable sur la planification. Malheureusement, les données sont souvent trop chères à collecter et à analyser pour les urbanistes et/ou les opérateurs privés ne sont pas disposés à les partager. « Lorsque ces obstacles sont surmontés, de grandes choses peuvent se produire » dit Noa Khamallah.
L’accès aux flux de données de voyage
En plus de faciliter un écosystème de voyage plus efficace, l’accès aux flux de données de voyage peut ouvrir des opportunités commerciales. Un bon exemple est le London Datastore, un portail de partage de données gratuit et ouvert fournissant des données relatives à la capitale, géré par la Greater London Authority en collaboration avec Transport for London. Plus de cinq mille développeurs auraient déjà souscrit aux énormes volumes de données en temps réel qui ont été ouverts, le plus célèbre étant Citymapper.
Les questions juridiques et réglementaires sont des obstacles majeurs à l’innovation
Pour Noa Khamallah, l’augmentation rapide de la technologie dans la société d’aujourd’hui a été difficile à suivre pour de nombreux législateurs. Si certaines réglementations permettent l’innovation, il y a encore plus de réglementations à travers l’Europe qui sont tout simplement dépassées, étouffant la progression. Prenons l’exemple des véhicules autonomes. On peut soutenir que la technologie existe pour mettre des véhicules autonomes sur la route demain, mais la Convention de Vienne sur la circulation routière, dont la plupart des pays européens sont signataires, signifie que tout véhicule ou combinaison de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur et que chaque conducteur doit pouvoir prendre le volant à tout moment.
Mobilité urbaine et voitures connectées
Les voitures connectées sont un autre exemple. Alors que la technologie existe et que, dans de nombreux cas, elle est déjà utilisée, la Commission européenne n’a pas encore appliqué ses lignes directrices sectorielles en matière de concurrence. Une clarification s’impose dans tous les domaines.
L’obsolescence des infrastructures existantes
Outre les questions juridiques et réglementaires, les personnes interrogées ont fréquemment mentionné le manque de financement et l’obsolescence des infrastructures existantes comme des obstacles majeurs à l’introduction de technologies de transport et de modèles commerciaux innovants. Le manque de financement limite le rythme de l’innovation à bien des égards – au stade où les nouvelles technologies de transport sont développées et testées, mais aussi au moment où elles sont déployées.
Les acteurs historiques – à la hauteur du défi de la mobilité urbaine ?
Bon nombre des technologies innovantes qui apparaissent dans les villes sont le fait de jeunes entreprises privées. Il est intéressant d’observer comment les acteurs établis, des grands constructeurs automobiles aux opérateurs de transport, y répondent. La collaboration est ici primordiale, car les secteurs public et privé doivent travailler ensemble pour progresser. Les opérateurs ferroviaires et de bus ne peuvent pas continuer à agir comme ils le font actuellement, mais doivent au contraire innover et commencer à offrir un éventail de solutions de mobilité urbaine plus large qu’aujourd’hui.